Long Shot
Habitués de voir Seth Rogen aux côtés des frères Franco dans des histoires bien souvent adulescentes, Long Shot est-il différent? Avec Charlize Theron pour lui donner la réplique, on pourrait s’attendre à un agréable mélange entre la comédie ridicule et la comédie romantique. Et c’est exactement ce que l’on a.
Pas étonnant que la même personne (Dan Sterling) ait écrit The Interview et Long Shot. Dans les deux cas, les allusions à la politique présente sont aussi peu subtiles que risibles. Alors que le premier nous amenait en « Corée du Nord » rencontrer Kim Jong-Un interprété par Randall Park, le second nous présente un pseudo Trump (joué brillamment par Bob Odenkirk) ancienne vedette de télé n’ayant aucune compétence pour le poste qu’il occupe et aspirant faire le saut du petit au grand écran. Et, oh, on apprend aussi qu’il conclut des ententes avec certains de ses amis à la tête de multinationales en sabotant délibérément des politiques qui seraient davantage bénéfiques pour le pays.
Après avoir accepté la satire, on réalise finalement que le film n’est pas aussi imbécile qu’on pourrait le croire. Seth Rogen y campe le rôle d’un journaliste qui refuse de continuer à travailler pour le site web qui l’emploie quand il apprend que celui-ci s’est fait racheter par un méchant millionnaire (Andy Serkis dans un autre merveilleux déguisement) qu’il a exposé dans plusieurs de ses articles précédents. Charlize Theron est pour sa part la Secrétaire d’État qui veut annoncer qu’elle se présente aux prochaines présidentielles et qui doit, jusque-là, se plier aux volontés du Président en place. Ayant fait appel à une firme pour jauger sa cote de popularité, elle réalise qu’elle doit scorer plus haut dans l’humour, et décide d’engager Rogen comme son auteur de discours (on est loin de l’image du Seth de House of Cards!)
À partir de là, nous avons droit à une comédie romantique et bonne et due forme, avec ses moments doux, ses moments comiques, ses adversaires et ses alliés… et un fond de politique. On appréciera par exemple Alexander Skarsgård en Justin Trudeau.
Si les voyages de représentation du couple nous feront rêver à coup de chambre d’hôtel de luxe et d’événements mondains, Long Shot se distancie de son sujet en nous montrant des personnages qui n’agissent pas comme le feraient de vrais politiciens, surtout en raison de leur statut. Au milieu de la comédie romantique où il doit obligatoirement y avoir une chute, celle-là prend place pendant un discours politique. En fait, c’est qu’après avoir vu Theron maîtresse de ses émotions pendant tout le film (sauf sous les effets de la drogue dans un bar et pendant une négociation terroriste) cette faiblesse surprend. Le dénouement, qui fera sourire, a lui aussi peu de chances de se produire réellement.
Long shot est une comédie romantique qui n’est pas différente des autres. On rira par endroits, sans se désopiler. On aimera la trame politique, en sachant qu’elle n’est pas crédible. À la fin, on aura passé un bon moment.